JACQUES ATTALI.

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Jacques Attali né à Alger le 1er novembre 1943 est un économiste, écrivain et haut fonctionnaire français.

Il est surtout connu comme conseiller spécial de Mitterand  de 1981 à 1991, fondateur et premier président de la Banque européenne et fondateur de « Positive Planet » une organisation présente dans 88 pays qui finance, conseille et forme plusieurs institutions de microfinance.

J’ajouterai qu’il a présidé une Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali, dont il a remis le rapport en 2008 à Nicolas Sarkozy.

Un rapport sur l’économie positive comprenant 44 réformes sera remis à François Hollande en 2012.

C’est comme économiste qu’il est, à mon avis, le plus connu.

Pourtant Jacques Attali est aussi l’auteur de 65 essais, biographies et romans. Passionné de musique, il pratique le piano depuis l’enfance. Il a d’ailleurs joué pour les Restos du Cœur et écrit une chanson pour Barbara.

En 2014, j’avais eu la surprise de découvrir un autre Attali que l’économiste dans l’essai « Devenir soi ». J’y ai donc découvert les cinq étapes du devenir soi. (22/11/2014).

L’année suivante j’ai lu avec beaucoup d’intérêt « Phares. 24 destins » dans lequel j’ai retrouvé le portrait de personnalités très diverses. J’ai repris celui de Maïmonide (15/01/2015) et de Confucius (08/01/2015).

Je lis aussi régulièrement ses chroniques dans Le Vif  et L’Express.

Ce matin, dans Le Vif  de cette semaine, j’ai découvert une chronique que je veux absolument vous faire partager.

Le titre est surprenant : « A quoi servez-vous ? » Peut-on, dit l’auteur, répondre à cette question sans être emporté dans un abîme de perplexité. « Pourquoi faudrait-il être utile ? A qui ? A quoi ? Qu’est-ce qu’être utile ? Comment être utile ? »

Jacques Attali va nous emporter dans un raisonnement impeccable. On ne peut se limiter à chercher son propre bonheur car « aucune civilisation ne peut survivre par simple juxtaposition d’égoïsmes ».

Suit un paragraphe que j’ai trouvé tellement génial qu’il m’a donné envie de faire ce billet. Je le reproduis :

« Alors, puisqu’il faut être utile, à qui ou à quoi faut-il l’être ? A soi-même ? Cela ne peut convenir, car si une telle réponse était justifiée, renoncer à exister suffirait pour qu’il soit soudain inutile d’être utile ! A ses enfants ? Cela non plus ne peut être satisfaisant, car ne pas en avoir enlèverait alors toute raison d’être utile. A tous ceux qu’on aime ? Ce serait tout aussi insuffisant, puisque ne pas aimer permettrait de se dispenser de toute utilité. Autrement dit, et c’est révolutionnaire : une raison d’être utile ne peut être créée que par celui qui la cherche. Elle doit exister indépendamment de lui. Donc, posez-vous cette question : à quoi servez-vous ? »

Ce ne pourrait être qu’une pirouette mais c’est mal connaître Jacques Attali dont l’obsession est le bonheur de l’humanité.  Se posant la question et après avoir écarté les solutions les plus évidentes comme « Je sers à être heureux ou à rendre mes proches heureux » il arrive à la conclusion : « Il faut que le monde soit un peu meilleur après moi, grâce à moi. »

Une sagesse qui ne lui enlèvera pas sa lucidité car «  si le monde ne peut être une juxtapositon d’égoïsmes, il ne peut non plus être composé de milliards d’altruistes »

Et la conclusion devient évidente : Chacun doit s’épanouir dans ce dévouement, y trouver son bonheur, c’est la grandeur de la condition humaine.

Je vous sens perplexe. Pas facile de souscrire à ce que dit Jacques Attali. Au moins, pouvons-nous y réfléchir et pourquoi pas ? y trouver un autre sens à notre vie.

 

NOUVEAU LANGAGE.

Livres (2)

Dans une chronique de L’express Jacques Attali parle de la manière de plus en plus courante de parler « A demi-mot ». Son jugement est sévère puisque pour lui, il s’agit d’une maladie extrêmement grave qui risque de gagner toute la société française.

A l’origine, cette manie ne concernait que certains milieux, le monde du spectacle, de la communication, de la publicité. Ainsi depuis longtemps on parle d’une expo, de ciné, de com, de pub. Puis sont apparus les mots comme distrib, prod, conso, redac. Il s’indigne d’avoir entendu un policier parler de « terro » pour désigner des terroristes.

Si je n’aime pas cette façon de parler, je suis moins sévère que lui, « prof » pour professeur  est utilisé depuis très longtemps. Maintenant il y en a beaucoup d’autres.

Je le cite : « Elle cache une volonté de faire croire en une compétence ou une expérience particulière, qui serait masquée et que l’abréviation désignerait comme signifiante pour un milieu restreint » Entre professionnels, on se comprend, on peut donc abréger les mots. Il ajoute : « Une langue se vide de sa valeur si les mots sont amputés et ne disent plus tout ce qu’ils ont à dire. Ceux qui n’utilisent que 300 mots n’utiliseront plus que 300 demi-mots »

Jacques Attali a sans doute conscience que ce débat pour les demi-mots semblera dérisoire. C’est pourquoi il conclut : « Rien n’est plus utile pour soi et pour les autres que de déployer les mots dans toutes leurs dimensions. Les mutiler, les piétiner, n’annoncent rien de bon. Les défendre est une petite bataille nécessaire. Et la démocratie n’exige rien d’autre qu’une infinité de ces combats en apparence dérisoire, en réalité essentielle. »

Que dire alors du langage SMS ? Raccourcir les mots est sans doute une nécessité quand on doit s’exprimer en 140 caractères mais cela va plus loin puisque ce langage est utilisé pour les textos. Cela rend parfois le langage incompréhensible.

Quelques exemples : «  koi, jamè, grav, eske » pour quoi, jamais, grave, est-ce que. On peut aller plus loin : G pour j’ai, C pour c’est, koi 2 9 pour quoi de neuf. Ou encore a12c4 pour à un de ces quatre, 2ml pour demain.

Le mot le plus répandu est le fameux « lol » acronyme de l’expression anglaise « laughing out loud » rire aux éclats, je trouve cela drôle et le fameux « mdr » signifiant « mort de rire ». D’après les spécialistes, on l’utilise pour souligner un fait cocasse sans que cela fasse réellement rire.

Et les ados ? Incompréhension totale pour un non initié. « accoucher » se dépêcher, « capter » comprendre, « grave » bête ou nul, « kiffer » adorer, « mater » regarder, « meuf » femme, « tune » argent. Je n’ai repris que les plus connus.

Ce qui m’a étonnée en jouant au scrabble c’est le nombre de mots raccourcis qui sont admis donc, je suppose, dans le dictionnaire. Et là pas d’hésitation, ils peuvent se mettre au pluriel.En principe, les mots abrégés ne prennent pas la marque du pluriel mais ce n’est guère respecté.

Un autre phénomène m’étonne. Le français a bien sûr assimilé beaucoup de mots de langues étrangères. C’est d’ailleurs assez amusant de constater que, dans des jeux, des questions portent sur l’origine de certains mots. Souvent on ne la connaît pas. On sait aussi combien l’anglais est répandu dans le monde. Mais, ce que je ne comprends pas, c’est l’habitude prise par des journalistes ou des spécialistes dans des débats d’utiliser un mot anglais, puis de le traduire immédiatement. Pourquoi alors ne pas le dire en français tout de suite ? Parfois, il est vrai, l’expression anglaise est tellement connue qu’ils préfèrent l’utiliser. Il arrive aussi que, presque en s’excusant, ils utilisent l’expression anglaise en affirmant qu’elle est impossible à traduire.

Nouveau monde, nouveau langage. Un bien ? Un mal ? Je crois qu’il faut être très nuancé dans son jugement. Les ados ont leur langage bien à eux mais je constate qu’ils l’utilisent entre eux, rarement quand ils s’adressent à des adultes.

 

MAÏMONIDE. (PHARES – JACQUES ATTALI.

statue à cordoue

STATUE A CORDOUE.

Moïse Ibn Maïmoun, dit Maïmonide, (1135 – 1204) est une figure intellectuelle du judaïsme médiéval.

Médecin, juge, théologien, philosophe, commentateur d’Aristote, Maïmonide est né à Cordoue, dans une Espagne islamisée.

Les persécutions des juifs vont faire qu’il vivra dix années d’errance. D’abord dans différentes villes du sud de l’Espagne, à Fès au Maroc, en Palestine, puis en Egypte.

Dans sa jeunesse, à Cordoue, les juifs sont tolérés comme les chrétiens. Ils sont dhimmis, c’est-à-dire protégés moyennant le paiement d’une taxe.

La situation change en 1149, des juifs et des chrétiens sont massacrés, d’autres sont convertis de force ou chassés. Après trois siècles de vie commune, l’Islam chasse les autres monothéistes.

« Face à cette tragédie les communautés d’Andalousie interrogent les rabbins : que faire ? se convertir ? mourir ? partir ? mais où aller ? »

Certains rabbins conseillent de partir comme le fera la famille de Maïmonide ; d’autres conseillent de se convertir. Le père de Maïmonide dit qu’un juif converti de force reste juif s’il continue à prier en secret et à pratiquer la charité. Il décide d’emmener sa famille à Fès où ils resteront cinq ans. Les juifs seront chassés comme ils l’avaient été à Cordoue.

Comme son père, Maïmonide conseille de se convertir pour sauver sa vie et fuir dès que cela devient possible pour revenir au judaïsme.

La famille choisit cependant de partir pour la Palestine, terre entre les mains des croisés et disputée par les musulmans. La situation des Juifs y est misérable.

Après la mort de son père, Maïmonide poursuit ses études talmudiques, soutenu financièrement par son frère David qui faisait le commerce des pierres précieuses.

Maïmonide décide d’emmener la famille en Egypte, terre musulmane mais qui à la réputation de se montrer plus accueillante pour les Juifs. Son frère meurt au cours du voyage. Ne voulant tirer aucune contribution de ses travaux sur la Torah, il devient médecin. Il soignera même Saladin gouverneur de l’Egypte.

Pour Maïmonide, le peuple juif doit faire régner la justice sur la terre pour réaliser la pensée de Dieu. Le Messie, tellement attendu par le peuple juif, ne sera qu’un homme au service de la paix. Ils considèrent que ceux qui se présentent comme étant le Messie et promettent des miracles sont des charlatans. «  Le jour viendra où la terre sera remplie de la connaissance de Dieu comme l’océan est rempli d’eau. »

Maïmonide croit que la foi et la raison sont compatibles parce que toutes deux de création divine. Il ne croit pas non plus au jugement dernier de chaque âme individuelle. Il rejette le fatalisme de certains exégètes de l’Islam. Pour lui, l’homme est libre de faire le bien ou le mal.

Au contraire de ce qu’affirment certains penseurs juifs ou chrétiens, Dieu n’a pas de forme humaine. Ainsi, si la Bible affirme que Dieu créa l’homme à son image, ce n’est qu’une image. « De Dieu, on ne peut rien dire sinon qu’il est distinct de l’univers et n’a aucun substrat matériel. »

Maïmonide va rédiger une dizaine de traités médicaux. Inspiré par Aristote et le Talmud, il affirme que le psychisme a un impact sur le corps.

Il va rédiger le « Guide des perplexes », appelé communément « Le guide des égarés » en arabe, comme ses autres livres, dans lequel il formule treize propositions qui résument le judaïsme. Ainsi, la foi en Dieu doit être complètement désintéressée. « L’exercice de la justice, de la vérité et de l’amour constitue en soi ses propres récompenses. Les pratiques magiques, la superstition, les pèlerinages, le culte des tombes des saints et l’astrologie relèvent pour lui du blasphème. »

Une controverse opposait les communautés juives. Certains comme Maïmonide pensaient que les Juifs devaient  étudier la science ; d’autres, qu’il ne fallait étudier que la Torah.

Le Guide des égarés sera traduit en hébreu, puis en latin et aura un grand retentissement dans la chrétienté notamment par sa description de l’abstraction de Dieu.

De plus en plus écrasé par son double travail de médecin et de juge, Maïmonide  mourra à soixante-six ans épuisé par sa tâche.

Voici comme il décrit sa vie :

« J’habite Fostat et le Sultan demeure au Caire ; ces deux lieux sont séparés par une distance de quatre lieues. Mon service à la Cour du Sultan est très pénible. Je dois rendre visite au Sultan tous les matins, très tôt. (…)Ainsi, régulièrement, je me trouve au Caire dès l’aube et ne reviens à Fostat que dans l’après-midi. Je suis alors presque mort de faim et je troue chez moi toutes les salles remplies de monde, non-juifs et juifs, notables et gens du peuple, juges et plaignants, amis et ennemis, une foule hétéroclite qui attend mon retour. (…) Le va-et-vient dure jusque tard dans la nuit(…) Aucun juif ne peut avoir d’entretien privé avec moi, sinon, le jour du Shabbat. Ce jour-là, la communauté ou à tout le moins la majorité de ses membres, vient chez moi après la prière du matin et je les instruis sur ce qu’ils doivent faire pour l’ensemble d la semaine. Nous étudions un peu ensemble jusqu’à midi, après quoi ils partent. Certains reviennent après la prière de l’après-midi et on étudie de nouveau jusqu’à la prière du soir. »

Ceci n’est qu’un bref aperçu de l’œuvre de Maïmonide. Esprit rationaliste, son œuvre fut déterminante sur le développement du judaïsme.

Cela fait parfois du bien de retourner dans le passé pour retrouver une sérénité ébranlée par  l’actualité. J’ai une pensée émue pour toutes les victimes de la barbarie de ces derniers jours.

 

CONFUCIUS. (PHARES – JACQUES ATTALI)

Confucius

Confucius appelé ainsi par les Jésuites au XVIIe siècle est pour les Chinois Maître Kong. Il serait né en -551 et serait mort en -479.

Son père, qui a neuf filles de sa première épouse conseille le premier ministre d’une principauté en Chine. A soixante-quatre ans, il a une liaison avec une très jeune fille, Zheng Zaï qui vient prier sur la colline de Niquiu pour avoir un fils. Elle met au monde un enfant doté d’une grosse bosse sur la tête d’où le nom de Qiu, pour colline ou bosse.

Le père meurt sans avoir reconnu l’enfant, qui n’a alors que trois ans. Sa mère ne lui révèle pas la vérité sur sa naissance.

Confucius va devenir conseiller de plusieurs politiques voulant leur enseigner la bonne gouvernance. Il sera aussi Premier ministre.

A quarante-deux ans, déçu du pouvoir, il se retire dans son pays natal pour écrire sur la poésie, l’histoire, les rites et la musique.

Il va élaborer une doctrine politique et sociale, une morale, mêlant recommandations sur le bonheur de vivre et conseils sur le gouvernement de la société.

Il vit à une époque d’agitations politiques mais aussi de découvertes de la raison et de l’individu. En Inde, apparaît Gautama Bouddha, qui va doter l’Asie d’une philosophie fondamentale. En l’Iran actuel, Zarathoustra qui fonde ce qui deviendra sous Darius 1er la religion officielle de l’Empire perse. Thalès annonce l’éclipse de soleil du 28 mai -585. Anaximandre dresse la première carte ionienne, représentation géométrique du monde centré sur la mer Egée. Pythagore préfigure l’avènement de la science.

Selon la légende, Confucius aurait rencontré Lao-Tseu (fondateur du taoïsme) qui lui aurait dit : « Un homme brillant et réfléchi, court souvent le risque de perdre la vie parce qu’il aime à dévoiler les défauts des autres hommes. Un homme instruit, savant et habile à la discussion, est souvent exposé au danger parce qu’il met le doigt sur les faiblesses humaines »

Ce que nous pouvons retenir de lui est sa réponse faite à un duc qui lui demande ce que c’est qu’un bon roi. Confucius répond : « Le roi doit être un vrai roi, les ministres de vrais ministres, les pères de vrais pères et les fils de vrais fils » Autrement dit, commente Jacques Attali, quand nul n’est à sa place, c’est l’anarchie. La soumission au père et au prince garantit la cohésion des familles et celle du pays. Mais cette soumission s’accompagne d’un droit de remontrance des enfants et des sujets si le père ou le prince vont dans la mauvaise direction.

Son enseignement est consigné dans des Entretiens qui paraîtront longtemps après sa mort. C’est le seul texte qui lui soit attribué et dont l’authenticité ne fait aucun doute.

Extraits : « Les jeunes gens devraient être de bons fils dans leurs foyers, polis et respectueux en société, prudents et fidèles aimant le peuple et la compagnie des hommes biens » « Les trois vertus nécessaires à tous les hommes sont la prudence, l’humanité et la force. Pour n’être pas stériles elles doivent avoir une qualité commune : être vraies, sincères. » « Le junzi (homme de bien) ne prêche rien qu’il n’ait d’abord mis en pratique. Il considère le bien universel et non l’avantage particulier, tandis que l’homme vulgaire ne voit que l’avantage particulier et non le bien universel. » « Pour gouverner, il convient d’abord de se respecter soi-même. » « La vertu suprême de l’honnête homme est le ren, le respect de soi et des autres. »

Confucius n’a jamais cherché à s’ériger en maître en penser. Il cherchait à développer chez ses disciples, l’autonomie, l’esprit critique, la réflexion personnelle. « Je lève un des quatre coins du voile ; si l’étudiant ne peut découvrir les trois autres, tant pis pour lui. »

Moraliste, oui, mais ce qu’on sait moins est l’importance qui l’accordait à la joie. « Celui qui sait une chose ne vaut pas celui qui l’aime. Celui qui l’aime ne vaut pas celui qui en fait sa joie »

Confucius n’a pas dans le sens où nous l’entendons fondé une religion. Le confucianisme est une morale positive structurée par les rites et vivifiée par la sincérité mettant l’accent sur l’étude et la rectitude. La Chine l’érigera en religion d’état mais son influence s’étendra à toute l’Asie.

Je vais me permettre une citation non reprise par Jacques Attali mais qui me plaît bien : « Ne parlez pas de vous en bien, car on ne vous croira pas, ni en mal car on ne vous croira que trop. »

Vous en trouverez facilement beaucoup d’autres…

 

PHARES : 24 DESTINS.

Phares

Jacques Attali, né  à Alger en 1943, est surtout connu comme économiste, conseiller de François Mitterrand, auteur de nombreux rapports mais il est aussi romancier, journaliste, biographe, chroniqueur.

Son livre Phares contient 24 microbiographies de personnalités connues ou inconnues. Très différentes les unes des autres, elles proviennent de tous les continents, de toutes les époques.

Dans sa préface, l’auteur les présente comme ayant eu une grande influence sur sa pensée. Il rappelle qu’il avait déjà consacré une biographie à Blaise Pascal, Karl Marx, Mohandâs Gândhi et François Mitterrand.

Son choix est très clair. « Je m’intéresse au destin de ceux qui laissent une trace durable dans l’Histoire, en donnant un sens au devenir du monde, par la philosophie, l’art, la science et l’action, économique et politique. »

Les personnalités retenues répondent à une autre exigence : tous se sont évertués à devenir soi. Je pense fatalement à son dernier livre « Devenir soi ».  (Billet 22 novembre 2014).

Les noms peuvent parfois surprendre. On ne s’étonnera pas d’y trouver Confucius, Aristote, Thomas d’Aquin, le juif Maïmonide,  le mystique Maître Eckhart ou le philosophe anglais Thomas Hobbe. Ils ont tous eu une influence très grande sur leur époque et, je pourrais même dire, sur la nôtre.

Connus aussi Madame de Staël, Darwin pour sa théorie de l’évolution, récemment remise en question par certains, le scientifique Thomas Edison.

Par contre, le lecteur s’étonnera peut-être d’y trouver Giordano Bruno, accusé d’hérésie pour avoir développé la théorie de l’héliocentrisme et d’un univers infini et pas Galilée, beaucoup plus connu de nos contemporains.

Avant de lire le livre, le lecteur s’étonnera sans doute du choix d’Ahd-el-Kader, premier résistant à la colonisation au Magreb, Ho Chi Minh, fondateur de la nation vietnamienne ou Simon Bolivar, libérateur de l’Amérique du sud.

Etonnant aussi d’y trouver le peintre Caravage et le musicien Richard Strauss.

J’avoue que je ne connaissais pas du tout les figures asiatiques comme Acoka, sans qui le bouddhisme aurait peut-être disparu, Shrimas Râjchandra, fondateur du jaïnisme ou l’empereur japonais Meiji, promoteur de la modernité dans un pays encore dominé par la féodalité.

Tous ne sont pas des modèles mais, dit Jacques Attali, leurs erreurs peuvent nous guider.

Je ne voudrais pas donner par cette énumération l’impression que le livre est difficile. Il se lit très facilement. Les chapitres sont courts et comme ils n’ont aucun lien les uns avec les autres, le lecteur choisira de se pencher d’abord sur ceux qui l’intéressent.

Mon billet d’aujourd’hui n’est qu’une présentation mais j’y reviendrai.

Je m’en voudrais de ne pas citer le paragraphe qui termine la préface :

« En découvrant leurs aventures on comprendra mieux, je l’espère, combien chaque vie est précieuse et comment des milliards de vies construisent, à chaque instant, la grande histoire de l’humanité. »

Parole d’espérance d’un auteur à qui on a souvent reproché son pessimisme.