Yasmina Khadra est le pseudonyme de l’écrivain algérien Mohamed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 dans le Sahara algérien.
Il a effectué toutes ses études dans des écoles militaires avant de servir comme officier dans l’armée algérienne pendant 25 ans.
Pour éviter la censure, il a écrit sous un pseudonyme, composé des deux prénoms de sa femme, en reconnaissance pour son aide.
Il ne dévoilera sa véritable identité, qu’après avoir quitté l’armée en 2000, dans deux livres « L’Ecrivain » et « L’Imposture des mots ».
Son œuvre est très nombreuse. Je citerai « Les agneaux du Seigneur » « Les Hirondelles de Kaboul » « L’Attentat » « Les Sirènes de Bagdad » « Ce que le jour doit à la nuit ».
Il a reçu de nombreux prix. L’Académie française lui a décerné le Grand Prix de Littérature Henri Gal pour l’ensemble de son œuvre.
Trois de ses livres ont été adaptés au cinéma : « Ce que le jour doit à la nuit » « L’Attentat » « Les Hirondelles de Kaboul »
Il a été candidat à l’élection présidentielle algérienne en 2013.
(Billets du 30/03/2010 -15/03/2011 – 7/08/2012 – 21/01/2014)
QU’ATTENDENT LES SINGES.
Une jeune étudiante est découverte assassinée dans la forêt de Baïnem, près d’Alger. Elle est belle, nue, merveilleusement maquillée, les cheveux constellés de paillettes, les mains rougies au henné. « On dirait que le drame l’a cueillie au beau milieu d’une noce. »
La commissaire Nora Bilal est chargée de l’enquête. C’est une dame d’une cinquantaine d’années, jalousée par ses collaborateurs, qui n’admettent pas d’être commandés par une femme.
Ce qui intrigue la commissaire, c’est une blessure sur la poitrine, un sein a été arraché. Le légiste lui apprendra qu’il ne s’agit pas d’une morsure de chien mais d’une morsure humaine.
Nora mènera son enquête avec obstination mais se heurtera au pouvoir, notamment à celui d’un vieillard Haj Hamerlaine. « Occupé à peaufiner ses pièges avec la patience implacable d’une araignée, Hamerlaine ne sort que très peu (…) Il ne se contente pas d’être un super-citoyen exonéré d’impôts, il s’autorise à racler le fond du Trésor public autant de fois qu’il le souhaite. »
Ce qui devait être un simple thriller devient un livre politique. Les meurtres se succèdent, même Nora finit assassinée.
Le lecteur prévoit le dénouement dès le début du livre mais celui-ci est vraiment invraisemblable.
Yasmina Khadra décrit une Algérie gangrénée par la corruption, les abus de pouvoir, une société machiste et immorale.
Les personnages sont nombreux : l’inspecteur Zine devenu sexuellement impuissant suite à une opération sanguinaire menée par des terroristes, le lieutenant Gerd, macho, Sid Ahmed, ancien journaliste qui a perdu sa femme tuée par des terroristes et d’autres.
Roman très noir, on l’aura compris.
Le personnage principal, Haj Hamerlaine, règne sur Alger. Un despote qui ne recule devant rien.
Le titre est complété assez tard dans le livre « Qu’attendent les singes pour devenir des hommes » renvoie le lecteur à toutes les horreurs décrites par l’auteur.
Je ne m’attendais pas à cela. Je mentirais en disant que je n’ai pas aimé le livre, Yasmina Khadra écrit vraiment très bien. Mais le côté politique du livre m’a gênée. Sa noirceur, aussi.
« En Algérie, les génies ne brillent pas, ils brûlent. Lorsqu’ils échappent à l’autofadé, ils finissent sur le bûcher. Si par mégarde, on les met sous les feux de la rampe, c’est pour mieux éclairer les snipers. »
Pour terminer sur une note moins noire, je reprendrai les premiers mots du livre :
« Dans la forêt de Baïnem, tout est enchantement ; la brume qui remonte du ravin, les moucherons qui virevoltent dans un halo de lumière, indissociables des étincelles gravitant autour d’eux ; la rosée sur l’herbe ; le bruissement des fourrés ; la fuite au ralenti d’une belette… »