Michel Onfray est né le 1er janvier 1959 à Argenteau. Philosophe, essayiste il défend une vision du monde hédoniste, épicurienne et athée. Il est influencé principalement par Nietzche et Epicure.
Né d’un père ouvrier agricole et d’une mère femme de ménage, il est abandonné bébé puis placé à l’Assistance publique. De dix à quatorze ans, il fait ses études dans un pensionnat catholique tenu par des prêtres salésiens. Il le décrira comme un lieu de souffrance notamment dans « La Puissance d’exister » et n’oubliera jamais.
De 1983 à 2002, il enseigne la philosophie au lycée technique privé catholique de Sainte-Ursule de Caen. Il critique l’enseignement de la philosophie tel qu’il est dispensé par L’Education nationale, qu’il juge limité à une transmission d’une histoire de la philosophie officielle plutôt que l’apprentissage à philosopher. Il démissionne et fonde l’université populaire de Caen.
So œuvre est très nombreuse. « Théorie du corps amoureux » « Traité d’athéologie » « La puissance d’exister » « Manifeste hédoniste » « L’ordre libertaire ».
PENSER L’ISLAM.
Son livre est divisé en plusieurs parties :
– Penser en post-République
– Introduction
– Entretien.
– Conclusion.
Dans la première partie, il affirme qu’une grande partie de la presse politiquement correcte a le désir d’avoir sa peau. Pourtant, dit-il, je ne suis d’aucune coterie, je suis décidé à rester fidèle à une France maltraitée.
« Ces campagnes de calomnies contre moi ont été sans nom : j’étais coupable de ce que je disais, coupable du ton sur lequel je l’avais dit, en fait, coupable d’être, purement et simplement, et de faire mon métier de philosophe dans une société où le mot d’ordre « socialiste » n’est plus réfléchissons, c’est interdit par Valls, mais obéissez, c’est ordonné par le même. »
Dans l’introduction, il rappelle qu’en 2013, quelques mois après l’intervention de la France au Mali, il avait envoyé un texte au Monde, texte refusé et qu’il reproduit : « Les guerres coloniales contemporaines. »
Il y affirmait que ceux que nous attaquons riposteront à nos attaques. C’était avant le drame du 7 janvier 2015, jour de l’attaque de Charlie Hebdo aux cris de « Allah-hou Akbar » « On a vengé le prophète ».
Michel Onfray s’indigne d’entendre que cet attentat n’a rien à voir avec l’Islam. Pour le philosophe, c’est une négation du réel. Le 9 janvier, c’est la prise d’otages de l’hypermarché casher.
A la demande d’Eric Fottorino, directeur de Un il écrit un texte à paraître dans le numéro du 21 janvier titré « Pourquoi tant de haine ? » Il reproduit aussi son texte intitulé « Le Balai de l’Apprenti Sorcier ».
Dans ce texte, très dur, il accuse la France d’avoir bombardé les populations musulmanes d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, du Mali « sous prétexte de lutter contre le terrorisme qui, avant les bombardements, ne nous menaçait pas directement. »
La fin du texte est très claire :
« L’indéniable retour du religieux a pris la forme de l’islam en Occident. Ce retour est à penser dans l’esprit de Spinoza : hors passions, sans haine, sans vénération, sans mépris et sans aveuglement, sans condamnation préalable et sans amour à priori, juste pour comprendre. Ces pages ne sont rien d’autre qu’une conversation sur ce sujet. J’ai tâché d’inscrire ma réflexion dans l’esprit des Lumières dont la flamme semble vaciller jour après jour. »
Dans l’entretien, il répond au journaliste algérien Asma Kouar puis il réalise que l’entretien peut faire l’objet d’un livre. « Penser l’islam n’a besoin d’aucune autre légitimation que l’envie de parler librement. »
Il est évidemment impossible de résumer l’entretien dans le cadre de ce billet. Je reprendrai certains propos. Mon choix est bien sûr subjectif.
Il y a dans le Coran des sourates qui invitent à la guerre, au massacre des infidèles mais aussi celles qui invitent à l’amour et à la miséricorde.
Michel Onfray en cite beaucoup mais fidèle à ce qu’il disait déjà dans son traité d’athéologie il compare la violence du Coran à celle de l’Evangile.
Exemples du Coran : « Exterminez les incrédules jusqu’aux derniers » « Tout juif qui vous tombe sous la main, tuez-le » « Les hommes ont autorité sur les femmes en vertu de la préférence que Dieu leur a accordées sur elles » «Exterminez les incrédules jusqu’aux derniers» «Tuez les polythéistes où vous les trouverez» Mais aussi : «Pas de contrainte en matière de religion» «Celui qui sauve un homme est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes»
Michel Onfray dira donc qu’on peut dire que l’Islam est une religion de paix, de tolérance et d’amour mais certaines sourates rendent possible un islam de guerre, d’intolérance et de haine.
Dans la logique de sa démonstration il reprendra les paroles de Jésus citées par Saint Mathieu : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur Terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais l’épée »
Comparer la violence de Jésus chassant les marchands du temple à certaines sourates du Coran c’est, je me permets de le dire, être de mauvaise foi. Rien dans l’Evangile n’appelle à tuer, au contraire, le « Tu ne tueras point » est un impératif chrétien.
Je le rejoins cependant quand il dit : « C’est quand l’islam devient politique que le problème se pose : si un pays effectue les prélèvements dans l’islam de paix, il n’aura pas la même histoire que celui qui voudra l’islam de guerre. »
Peut-il y avoir un islam de France ? Il faut prélever dans l’islam ce qui est compatible avec les valeurs de la République, former les imans, surveiller les prêches, financer les lieux de prière.
Il soulève cependant un problème important : l’islam est la parole de Dieu qui nécessairement dit le vrai. En Islam, tout pouvoir vient de Dieu et il ajoutera que cette thèse se trouve également chez saint Paul. C’est vrai mais Saint Paul n’est pas l’Evangile…
L’athéisme peut-il accoucher d’une morale ? Réponse catégorique : « Je souscris à une éthique qui interdit absolument sans aucune restriction, le meurtre, le crime, la peine de mort sous toutes ses formes : de la vengeance personnelle du talion au bombardement par des Etats de villes remplies d’innocents, en passant par la peine de mort, quelle qu’en soit la formule : d’Etat ou terroriste. Voilà pourquoi je ne me reconnais pas dans les textes sacrés, parce qu’ils justifient les massacres, ni dans les autres textes, non sacrés, profanes, quand ils les justifient également. »
Sa conclusion a été écrite après le 13 novembre. Encore une fois, il n’arrive pas à séparer le terrorisme islamique, qu’il condamne bien sûr, aux autres « violences » comme les bombardements US.
Et quand le journaliste lui demande si Daesh ne hait pas l’occident pour ce qu’il est, il admet qu’il s’agit bien d’une guerre de civilisation. Cette affirmation : « Les cultures se valent-elles toutes ? Oui, disent les tenants du politiquement correct. ( ?) J’ai pour ma part tendance à croire supérieure une civilisation qui permet qu’on la critique à une autre qui interdit qu’on le fasse et punit de mort toute réserve à son endroit. »
Un livre dense. Je n’ai pu en donner qu’un aperçu.
Michel Onfray est un homme de conviction. Ce qu’il pense, il le dit haut et fort ce qui explique sans doute qu’il soit souvent contesté. Il ne cherche pas à plaire, peut être excessif. Il sait certainement que certaines de ses positions peuvent choquer.
C’est aussi un homme de cœur. Je pense à l’université populaire de Caen ouverte à tous et, insiste-t-il, gratuite.
Il est aussi un philosophe accessible. Pour moi, c’est une qualité qui n’est pas tellement répandue. Etre obscur est pour certains un gage de qualité… Je ne suis pas de ceux-là.