Quelle semaine ! Questions d’examens postées sur les réseaux sociaux, épreuves annulées ou supprimées, supposition sur le ou les auteurs des fuites et en fin de course, décision de s’en remettre aux conseils de classe en bétonnant leurs décisions.
Joëlle Milquet dépose plainte, commandite une enquête, normal. Ce qui l’est moins, ce sont ses déclarations sur les auteurs des fuites qui feraient partie du corps enseignant, directeurs ou enseignants.
C’est du jamais vu. Tirer des conclusions d’une enquête avant qu’elle n’ait eu lieu. Salir, car il s’agit bien de cela, anonymement, des directeurs ou des enseignants. C’est choquant.
Première question que je me suis posée, quel intérêt auraient les directeurs ou les enseignants à organiser les fuites ? Il me semblerait bien plus facile d’aider discrètement leurs élèves lors de l’examen. Solution encore plus simple puisque les questionnaires arrivaient très tôt dans les écoles, s’en inspirer pour les révisions.
Le conseil de classe a toujours décidé de la réussite ou de l’échec de ses élèves et cela souverainement. Des recours ont toujours été possibles et le sont, paraît-il encore, malgré le décret de la Ministre.
Une autre accusation a circulé : les fuites auraient été organisées en protestation contre ces épreuves externes. Par qui ? Silence cette fois de la Ministre.
Je ne peux pas croire à cette version. Trahir pour contester, cela me semble impensable.
Ceci dit, je ne suis certainement pas pour l’organisation d’épreuves externes. Elles organisent un classement des écoles qui font tant de mal lors des inscriptions particulièrement depuis le très contesté mais jamais supprimé décret d’inscription.
Il faut tout de même l’admettre, les écoles n’ont pas le même niveau. C’est un fait. Et, j’irai plus loin, en disant « tant mieux. » J’ai toujours enseigné dans une école qui accueillait des élèves comme on dit « en difficulté ». Le challenge était justement d’arriver à rattraper leur retard par une pédagogie adaptée, beaucoup de patience et en n’ayant pas l’obsession du programme.
Je ne peux donc pas croire ce que j’entends : les évaluations externes vont faire monter le niveau de tous les élèves !
C’est le fameux slogan de la réussite pour tous. Je le partage mais j’en ai une autre conception.
J’ai dû accueillir des élèves qui étaient en échec dans une école qui ne leur convenait pas et arrivaient après avoir redoublé. Il fallait beaucoup de temps pour qu’ils retrouvent leur sérénité.
Ce qui me navre est d’entendre Rudy Demotte par exemple dire bien fort que les évaluations externes seront maintenues. Comme cela, à chaud, sans même prendre le temps d’examiner si c’est vraiment une bonne décision. Pire, certains affirment qu’il faut en organiser à tous les degrés et tenez-vous bien, pour lutter contre l’échec scolaire !
Travailler pour réussir un examen, c’est lamentable. Une fois de plus, ce n’est pas ma conception de l’enseignement.
Contrôler les acquis de ses élèves est certes indispensable mais pour pouvoir remédier aux échecs. Comme prof, j’ai toujours étudié attentivement les travaux ou contrôles de mes élèves pour pouvoir orienter mes cours dans le sens qui leur serait le plus profitable. Revoir la matière qui n’a pas été acquise, par exemple.
Je n’en dirai pas plus car j’ai mal vécu ce qui s’est passé. Je ne désire pas en dire davantage… pour le moment !