C’EST LA RENTREE !

 

Rentrée de vacances pour ceux qui ont eu la chance d’en prendre, rentrée scolaire, rentrée politique et retour des débats dominicaux.

CONTROVERSE.

Le thème est le slogan d’Anne Demelenne mais sous la forme interrogative : Faut-il faire payer les riches ? » Un oui sans surprise au premier tour de table. Très vite, l’unanimité craque. Qu’est-ce qu’un riche ? A partir de quels revenus ? Biens immobiliers + revenus professionnels ? Brouillard. Il est vrai que la question, si simple dans la bouche des syndicats, devient drôlement compliquée quand il s’agit d’être précis. Rappel de ce qu’on entend souvent : « Attention à la fuite des capitaux. Certains postes à responsabilité méritent bien un salaire élevé. Les politiques n’ont rien à dire dans le privé. Seuls devraient être concernés les entreprises publiques où l’état est actionnaire. »

Je ne vais pas refaire le débat d’ailleurs peu audible. Je retiendrai seulement que l’écart entre hauts et bas revenus s’est agrandi et que c’est insupportable. De plus, c’est important, n’importe quelle taxe sur les riches rapporterait bien peu par rapport aux millards nécessaires. Dire, comme le martèle la FGTB, que cela règlerait tout, est une tromperie.

Pour preuve que rien n’est simple, la proposition d’Etienne Davignon d’une cotisation de solidarité temporaire est jugée, par certains, être une aumône. Je repense à la fameuse déclaration de François Hollande : « Je n’aime pas les riches. »

MISE AU POINT.

Thème du débat, les négociations. Il était faussé dès le départ puisque tous ont bien dit que les négociations ne se faisaient pas sur un plateau de télévision et que la discrétion était indispensable pour  la réussite. Seule exception, Olivier Maingain et, ce qui était assez marrant, c’est de constater que finalement, le débat tournait autour de lui. Tout le monde connaît ses propositions. Il les a rappelées assez souvent. L’élargissement de Bruxelles, la ratification de la convention-cadre sur la protection des minorités, la nomination des bourgmestres dans les communes à facilités.

Les politiques sur le plateau ont été d’une grande prudence. L’élargissement de Bruxelles ? Il y a différentes formules, on verra en négociations…

Je m’attendais à ce qu’on rappelle ce que les francophones ont toujours dit : compensations si BHV est une scission pure et simple, non négociée et surtout, l’indispensable, le refinancement de Bruxelles.

Olivier Maingain, a été beaucoup plus loin que ce qu’il dit d’habitude. En périphérie, si la scission de BHV, se fait, même négociée, un francophone ne pourrait plus passer son permis de conduire, comme c’est le cas actuellement, à Bruxelles. Pas de réaction, je pense que l’argument n’était pas connu, du moins c’est mon impression. Alors, tant qu’il y était, Olivier Maingain a été beaucoup plus loin, en demandant qu’il y ait des écoles francophones en périphérie, ajoutant avec l’air sérieux qu’il a habituellement, que cela ne le gênait pas qu’il y ait des écoles flamandes en Wallonie ! Là, je crois qu’il a perdu des points car ce n’est évidemment pas une revendication des francophones de la périphérie et il sait très bien que c’est surréaliste. Pour moi, il a perdu en quelques phrases toute crédibilité.

J’ai déjà dit que je ne voyais vraiment pas en quoi l’élargissement de Bruxelles, autrement dit, trois ou six communes, qui deviennent bruxelloises, était vital pour la survie du pays. Je dirais même le contraire. On sait que c’est un tabou flamand infranchissable, donc qui compliquerait encore la recherche d’un compromis. De plus, la volonté de rattacher Bruxelles à la Wallonie, m’apparaît bien comme prémisse de scission du pays.

Je ferais remarquer à Olivier Maingain que l’exemple de son permis de conduire n’est pas propre à la scission de BHV mais aux transferts des compétences aux régions, or, paradoxalement, il affirme haut et fort qu’il est régionaliste !

Pour moi, je n’ai pas changé d’avis. Il faut scinder BHV, sans toucher aux limites territoriales de Bruxelles, en préservant comme la note Di Rupo le prévoit, les droits d’être jugé dans sa langue.

Je regrette toujours que les partis au nord comme au sud, n’aient pas plutôt concentré leurs efforts sur une Belgique à quatre régions, non à deux. Cette hypothèse n’a jamais été retenue. Pourquoi ? En arrière fond, on sent bien que la scission du pays plane comme une menace. Elle pèse lourd, même si les politiciens savent bien qu’elle n’est pas réelle. Cela a été assez démontré. Il y a surtout, ce qui ne se dit pas, la crainte de pertes électorales, de pouvoir.

Les politiciens évoquent aussi le danger d’une cogestion de Bruxelles par la Flandre. Or cet argument devrait justement les inciter à travailler pour l’autonomie entière de Bruxelles. Plus les francophones affirment que Bruxelles leur appartient, plus les flamands tiennent à la cogérer. La logique voudrait que Bruxelles soit rendue aux Bruxellois.

Je voudrais aussi insister sur les compétences supplémentaires données aux régions. Celles-ci sauront-elles les assumer ? Que deviendra le Fédéral ? La Belgique sera-t-elle encore viable quand le fossé nord/sud se creusera davantage ? Je sais que l’on nous dit le contraire. Les réformes entreprises doivent faire de la Belgique un état moderne. Peut-être, mais viable ?

IRENE NEMIROVSKY.

Irène Némirovsky est née le 24 février 1903 à Kiev. Elle a commencé à écrire en français à l’âge de 18 ans. Elle a obtenu une licence en lettres à la Sorbonne en 1924. Son premier roman Le Malentendu  a été publié en 1926. « David Golder » la rendra célèbre en 1929. Elle publiera d’autres romans notamment Le Bal (1930)  adapté au cinéma et Jézabel. (1936). Ecrivain francophone reconnue, le gouvernement français lui refusera pourtant sa naturalisation.

Elle se convertit au catholicisme le 2 février 1939, sans doute pour se mettre à l’abri des persécutions antisémites. Considérée par la loi comme juive, elle portera l’étoile jaune et sera interdite de publication pendant la guerre. Elle sera déportée à Auschwitz et décédera, gazée, en 1942.

Elle recevra à titre posthume le prix Renaudot en 2004 pour son roman « Suite française ». (billet du 3 juin 2010)

JEZABEL.

Le roman s’ouvre par le procès de Gladys Eysenach accusée d’avoir assassiné son amant Bernard Martin, âgé de vingt ans. Elle a avoué l’avoir tué mais refuse toute explication. Procureur et avocat de la défense s’affrontent. C’est un procès qui passionne l’opinion car Gladys est extrêmement riche, belle, célèbre. Elle est la maîtresse d’Aldo Monti, d’une famille italienne très honorable. Elle a cependant refusé de l’épouser. Le procureur se demande comment elle pu être la maîtresse d’un jeune paumé mais elle refuse de répondre. « Que l’on ne m’interroge plus, je ne dirai plus rien… J’ai tout avoué, tout ce qu’on a voulu ». Elle est condamnée à cinq ans de prison.

L’auteur va retracer la vie de Gladys. Elle apparaît superficielle, futile, égoïste. Elle veut être aimée mais n’aime pas. Elle cherche constamment à se prouver à elle-même qu’elle exerce une grande emprise sur les hommes. Séduire, être la plus belle, attirer les regards. Mais cette vie futile ne la rend pas heureuse.

Sa préoccupation la plus forte est l’obsession de l’âge. Elle a peur de vieillir. Elle ira jusqu’à falsifier son extrait de naissance pour cacher son âge ! Elle dira même à sa fille : « Oh ! Marie-Thérèse, promets-moi que le jour où tu me verras vieille, vraiment vieille, tu me tueras pendant mon sommeil. »

Marie-Thérèse a dix-huit ans mais elle ne lui en reconnaît que quinze. « Autour d’elle, toutes les femmes faisaient ainsi. Elles retranchaient une, deux, trois années aux enfants qu’elle ne pouvaient cacher, et, peu à peu, elles-mêmes oubliaient l’âge véritable, satisfaisant ainsi une double illusion de femme et de mère… »

Le drame survient quand Marie-Thérèse lui apprend qu’elle veut se marier. C’est un choc, elle refuse, lui demande d’attendre, elle ne peut s’imaginer devenir grand-mère, synonyme pour elle de vieillesse. Marie-Thérèse va se révéler très lucide. « Je n’ai pas quinze ans. Et vous n’avez pas trente ans. Je ne suis pas une enfant. Vous le disiez, et moi, je le laissais dire, d’abord parce que cela m’était égal, et surtout, dit-elle en baissant la voix, parce que j’avais honte pour vous, maman, j’avais honte et pitié de vous… »

La guerre éclate et le fiancé de Marie-Thérèse est envoyé au front. Il meurt. Sa fille lui apprend qu’elle est enceinte, bien décidée à garder son enfant malgré les demandes de sa mère qui veut qu’elle avorte. « Quand elle comprit que l’enfant allait naître elle songea. Je n’appellerai pas. J’attendrai que l’enfant naisse ou que je meure. Et quand l’enfant sera né, personne au monde n’aura la force de me l’enlever. Je le serrerai si fort, je le tiendrai si serré contre moi, contre mon coeur, que personne ne pourra me le prendre. Et si je meurs, il mourra avec moi. »

Le roman se terminera dans l’horreur absolue. Marie-Thérèse meurt en mettant son enfant au monde. Gladys ne veut pas le voir, c’est une servante qui l’emportera et Gladys fera croire que sa fille est morte de la poitrine.

Même la mort de sa fille ne changera pas Gladys. Elle continuera ses frivolités mais sera rattrapée par la vie. Un autre drame surgira, qui la conduira à commettre un meurtre.

Je laisse le lecteur dans le suspense pour ne pas déflorer le roman. Qui est donc ce jeune homme qu’elle a tué ?

L’histoire se passe en 1930. L’auteur a centré son roman uniquement sur le personnage de Gladys. L’auteur la décrit sans complaisance mais sans critique. Le talent de l’auteur fait que l’on continue sa lecture malgré l’horreur qu’inspire le personnage.

En refermant le livre, j’ai d’abord eu un sentiment de soulagement. Une telle mère ne pourrait pas exister à notre époque. Et pourtant ? Les drames qui surviennent encore de nos jours montrent que l’optimisme n’est pas de mise. L’homme sera toujours capable du pire comme du bien. C’est la condition humaine.

Le titre du livre est emprunté aux très beaux vers de Racine « Le songe d’Athalie »

« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit
Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.

Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage
Pour réparer des ans l’irréparable outrage. »

FRANCOISE GIROUD.

 

Françoise Giroud de son vrai nom Lea France Gourdji est née le 21 septembre 1916 à Lausanne, en Suisse. Journaliste, écrivain, femme politique, elle a marqué son époque. Elle est décédée à Paris, le 19 janvier 2003. (Voir billet du 29 juin 2010).

LOU : HISTOIRE D’UNE FEMME LIBRE.

Lou Andreas-Salomé est née le 12 février 1861 à Saint-Pétersbourg, décédée à Göttingen le 5 février 1937. Elle est écrivain et psychanalyste.

Elle a intrigué tous ses biographes parce qu’elle est restée vierge jusqu’à ses trente-six ans malgré les multiples demandes en mariage et l’incompréhension de sa mère. Françoise Giroud émet l’hypothèse d’un inceste dans sa jeunesse mais rien ne le prouve.

Elle est surtout connue pour l’amour fou qu’elle a inspiré à Friedrich Nietsche, au philosophe Paul Rée, au poète Rainer Maria Rilke. Tous les trois l’ont demandée en mariage mais elle a refusé. Elle sera une amie très admirée de Sigmund Freud, mais il dira n’avoir jamais eu d’attirance sexuelle pour elle.

FRIEDRICH NIETSCHE.

Elle a 21 ans quand elle le rencontre, il en a 38. Il en tombe éperdument amoureux mais elle refuse de l’épouser. Il l’initie à la philosophie. Il est connu mais pas encore célèbre. Souffrant de maux de tête violents,  il a dû renoncer à sa chaire d’enseignement. Accompagné de son ami Paul Rée, il rencontre Lou à Rome, chez une amie Malwida. Le séjour sera idyllique.

Paul Rée est aussi épris de Lou, avec qui il parle philosophie, métaphysique et d’une question qui poursuivra Lou toute sa vie, l’existence de Dieu.

Lou lui proposera de vivre platoniquement à trois, Nietsche, lui et elle. Un projet fou. Nietzche accepte mais il finit par rompre, profondément blessé. Il tombe en pleine dépression. C’est après la rupture qu’il écrira Ainsi parlait Zarathoustra où apparaît  la notion de « surhomme ».

François Giroud rappelle comment la soeur de Nietzsche, Elisabeth, trafiquera plus tard l’oeuvre de son frère la transformant en bible de la pensée allemande.

Quant à Nietzche, il finira par détester Lou et écrira sur elle des choses horribles. Devenu célèbre, il sera le philosophe de la mort de Dieu. Lou va profiter de sa notoriété pour écrire des articles donnant le sentiment qu’il a existé une grande intimité entre eux. Mais certains ne lui pardonneront jamais d’avoir rejeté Nietzche. Sa mort en 1900, à cinquante-cinq ans, ne l’affectera pas, elle l’a admiré pas aimé.

Paul Réé se tournera vers la médecine et après des années d’amitié finira par rompre avec Lou. Il lui laissera un papier plié sur lequel il a écrit : « Soyez bonne, ne me cherchez pas. »

FRIEDICH CARL ANDREAS.

C’est en 1887, qu’elle rencontrera Friedich Carl Andreas. Il passe à Berlin pour le meilleur spécialiste de la culture persane. Il a des relations intenses avec la nature. Lou va accepter de l’épouser, mais un mariage blanc, pour l’éternité. Ils finiront cependant leur vie ensemble dans une maison à Gôttingen. On ne saura jamais pourquoi Lou a décidé d’associer son nom au sien.

RENE MARIA RILKE.

Lou le rencontre en 1897 à Munich. Il a quatorze ans de moins qu’elle. Il la surnomme « mon buisson ardent ». Leur amour durera trois ans, mais leur amitié, plus de trente. Elle est sa muse. Ils font un voyage en Russie, mais après bien des accros, elle le jette. « Tu dois partir… Va-t-en ».

SIGMUND FREUD.

Elle a cinquante ans et est installée avec Andreas à Gottingen, quand elle rencontre Freud. Elle suivra ses séances de travail du mercredi et participera au IIIe Congrès de psychanalyse de Weimar. Freud sera fasciné par son amour de la vie et son intelligence. Lou n’est pas une grande figure de la psychanalyse mais elle n’hésitera jamais à marquer son désaccord avec Freud notamment sur le narcissisme. Il l’encouragera à pratiquer la psychanalyse.

UNE FEMME LIBRE.

Françoise Giroud parle des nombreux amants de Lou après sa période virginale. Cela a peu d’intérêt. Je mentionnerai seulement qu’elle n’a jamais ressenti aucun sentiment de culpabilité et malgré sa croyance en Dieu, la notion de péché lui est totalement étrangère.

Françoise Giroud terminera son livre en disant : « Ni modèle, ni exemple, Lou Adreas-Salomé fut simplement pionnière dans l’art d’être soi. »

Au début de sa vie, écoeurée des demandes en mariage, elle dira :  « Nous devons faire ceci, nous devons faire cela. Je n’ai aucune idée de ce qui est ce nous. C’est seulement de moi que je sais quelque chose. Je ne puis vivre selon un idéal, mais je puis très certainement vivre ma propre vie et je le ferai quoi qu’il advienne. En agissant ainsi, je ne représente aucun principe, mais quelque chose de beaucoup plus merveilleux, quelque chose qui est en moi, quelque chose qui est tout chaud de vie, plein d’allégresse et qui cherche à s’échapper. »

« Mais qu’est-ce qu’ils ont, ces hommes, incapables d’amitié, oui, d’amitié tout simplement. »

On peut trouver sa vie scandaleuse. Néanmoins, il fallait du courage et une grande confiance en soi pour résister à toutes les pressions sociales qui, à l’époque surtout, poussaient les femmes à ne voir leur salut que dans le mariage. Elle n’a jamais dépendu de quelqu’un financièrement. Elle a choisi sa vie. Elle a montré que l’amitié entre un homme et une femme était possible, dans l’égalité, mais on comprend combien pour un homme ce principe était difficile à accepter.

BERNARD PIVOT.

 LES MOTS DE MA VIE.

J’avoue avoir hésité avant d’acheter le livre. Ecrire ses mémoires en forme de dictionnaire me semblait original mais étrange. De plus, je connaissais l’amour de Bernard Pivot pour les mots inconnus et je craignais de lire une énumération de mots bizarres comme ceux qu’il avait plaisir à placer dans ses dictées.

J’ai donc surmonté mon appréhension et j’ai lu le livre. J’ai été, le mot est faible, enthousiasmée. Quel régal ! Je croyais d’abord le feuilleter, picorer mais j’ai décidé, je ne le regrette pas, de le lire de la première à la dernière page comme je le fais d’habitude.

Bernard Pivot donne une double explication à son choix. Il a lu le Dictionnaire Larousse » avant de lire les livres. « J’ai vagabondé dans le vocabulaire avant de me promener dans la littérature ». La seconde est que la mémoire n’est jamais chronologique. « Elle est vagabonde, capricieuse. Elle ne livre que ce qu’elle veut, quand elle le veut ».

Son livre nous apprend peu de choses sur sa vie. Il dissimule les événements sous un paragraphe consacré à un mot qui, à priori, n’a rien à voir avec son vécu. Ainsi « Je suis devenu un homme quand j’ai commencé d’admirer ». Il confie qu’adolescent, il n’avait rien qui ressemble à de l’ambition. C’est une modestie qu’il conservera toute sa vie. Au sommet de son succès, il refusera la direction d’une chaîne de télévision pour « incompétence ». Il est journaliste. Il ajoutera que son impatience cadre mal avec une fonction de direction. Il n’hésitera jamais à refuser de participer à des débats dont le sujet lui était étranger.

Le lecteur trouvera pourtant des détails intimes. A quatorze ans, le baiser énigmatique d’une femme dont il admirait la beauté, le rappel ému d’un amour d’adolescent. Il confesse son  amour des femmes alors qu’il se demande s’il n’a pas été un macho, pris entièrement par ses lectures. «  « La lecture isole, sépare. Le lecteur fuit, il est toujours ailleurs. » Il a  peu de temps à consacrer à sa famille. Cela ne l’empêchera pas de faire l’éloge de sa femme : « Son équilibre fortifiait le mien. Son énergie alimentait la mienne. (…) De nombreuses années se sont succédé, et je suis devenu peu à peu un lecteur plus pressé qu’un mari empressé. » Pourtant, il confiera dans un autre chapitre, le poignant d’une séparation. « Je restais, mais je devrais maintenant cohabiter avec une squatteuse : la mauvaise conscience. »

A-t-il été un bon père ? Pas dans le sens où on l’entend aujourd’hui : « Ca m’arrangeait bien de penser que j’étais plus utile à ma famille dans la culture que dans la puériculture. » Mais il a bien légué à ses filles le goût de se cultiver, de s’instruire, d’aimer la vie.

Il nous fait d’autres confidences par exemple sur sa manière de lire. « Je ne sais lire qu’assis sur une chaise, dans un fauteuil ou un canapé. (…) Le corps bien calé, sur du dur, de préférence devant un bureau ou une table pour prendre des notes, voilà ma meilleure position pour lire. »

Plus connu peut-être son amour des chats, du football, de la gastronomie, les demi-lunes… S’il ne parle pas du vin c’est parce qu’il lui a consacré un autre dictionnaire. Il fait un grand éloge de l’amitié et avec humour dit : « Pourquoi analogue à l’expression « faire l’amour », n’existe-t-il pas l’expression « faire l’amitié » ?

Autres confidences : le chiffre 5 porte-bonheur et le marron qu’il a toujours dans la poche, son regret  de ne pas avoir étudié le latin et le grec, sa préférence pour les émissions en direct. Plus inattendu, il regrette de ne pas être désinvolte, voire rock’ n’ rock

Pas de confidences sur ses parents, sauf l’épicerie familiale à Lyon. Ses débuts ? Un lointain parent par alliance, le voyant souvent lire des quotidiens ou des revues lui suggère de devenir journaliste. Il réussit le concours d’entrée du Centre de formation des journalistes, devient un étudiant brillant et sort deuxième de sa promotion. Par une chance extraordinaire, il entrera au Figaro Littéraire, à France Culture, Europe 1 puis à la télévision pour une émission littéraire. « Ouvrez les guillemets » « Apostrophes » » Bouillon de Culture » « Double-Je » :  un succès qui ne se démentira jamais. Il parle peu de ses émissions car il a publié en 2001 : « Le Métier de lire, d’Apostrophes à Bouillon de Culture, réponses à Pierre Nora. »

Je serais incomplète si je ne mentionnais pas les mots, qu’il  triture, analyse. Cela nous fera plaisir, à nous Belges, qu’il cite « Carabistouille », qui n’existait  en France et qu’il a repris dans « 100 mots à sauver. »

 Son livre est plein d’humour, truffé d’analyses ou de réflexions sur les écrivains, les livres, la foi, la vieillesse et bien d’autres sujets.

De manière irrévencieuse je terminerai par sa réflexion : « Vieillir, c’est chiant » en lui souhaitant de garder longtemps son amour des livres et de la vie.

REFLEXIONS SUR L’ENSEIGNEMENT.

Est-ce opportun de parler de l’enseignement pendant les vacances ? Pourquoi pas ? Un petit tour d’horizon des problèmes ne peut pas faire de tort…

DECRET D’INSCRIPTION.

Le Moustique consacre un article aux élèves sans école. 330 élèves ignorent encore dans quelle école ils seront en septembre. 330 dont 312 à Bruxelles. C’est énorme. Je relève la phrase d’une petite fille reprise dans l’article : « Je me sens un peu triste mais je me dis que je vais quand même bien avoir une école. » Ophélie espérait rejoindre ses copines. Ce ne sera pas le cas.

J’ai déjà dit tout le mal que je pensais de ce décret d’inscription instauré en 2007, revu chaque année, amélioré mais certainement pas parfait. Le pire est qu’il a été pensé pour créer plus de mixité sociale et cet objectif, de l’avis de tous, n’a pas été atteint. Or, malgré les critiques, la Communauté française s’acharne à le défendre, tant pis pour les dégâts collatéraux. (voir billet du 13/11/2009)

PENURIE DE PROFESSEURS.

Le problème n’est pas neuf, manque d’instituteurs, de profs de langues, de maths, de sciences. Même si j’ai quitté l’enseignement depuis très longtemps, je me souviens de jeunes collègues débarquant avec anxiété ou enthousiasme mais cherchant un autre travail après quelques mois. Ceux qui restent le font parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Plus facile pour un prof de langues ou de math de trouver un autre job que pour un prof de français. Appréciable aussi comme mère de famille d’avoir les vacances scolaires pour s’occuper de ses enfants. Bien sûr, heureusement, il y a des profs heureux.

La violence régnant dans certaines écoles rend le travail pénible. J’en ai vu des profs sortir du cours les larmes aux yeux. Et cela n’a fait que s’amplifier. Attaques verbales, même physiques, classes jonchées de pelures d’oranges, bagarres entre élèves, comment pourrait-on enseigner dans de telles conditions ? La réponse donnée à cette violence est facile : « C’est un problème de société. La violence est partout. » Vrai mais les enseignants paient un lourd tribut.

PROLONGATION DES ETUDES

Le ministre Marcourt (PS) en charge de l’Enseignement supérieur avait annoncé qu’il réfléchissait à rallonger les études des instituteurs de 3 à 5 ans. Comment peut-on avoir aussi peu de bon sens ! A la pénurie, on instaure un système qui retardera de deux ans l’entrée dans les écoles ! Le Ministre croit-il sérieusement que les études étant aussi longues que celles des universitaires, les jeunes vont se précipiter ? Et le coût ? Pour les parents d’abord. Les droits d’inscription sont très élevés, cinq ans d’études au lieu de trois. ! Idem pour la Communauté française qui éprouve déjà de sérieuses difficultés financières. Je souhaite au Ministre de profiter de ses vacances pour retrouver un peu de bon sens.

COURS DE LANGUES

N’importe quel parent ou étudiant s’est toujours demandé comment après quatre heures de néerlandais par semaine, pendant six ans (neuf à Bruxelles) on ne devenait pas bilingue. Mystère. Les méthodes d’apprentissage ont changé, sans résultat. Je ne suis pas assez spécialiste pour proposer des solutions. Mais, je constate que les formations ONEM sont plus performantes, même la méthode Assimil !

ORDINATEURS.

Encore une idée lumineuse de je ne sais qui rejetée à cause du coût. Les enfants, les ados se servent très bien de l’ordinateur, pour jouer, parfois rechercher des renseignements, surtout pour les réseaux sociaux. Les psychologues et les parents regrettent souvent les heures passées par leurs enfants devant l’ordi. Ils n’ont absolument pas besoin de l’école pour apprendre à s’en servir. Et c’est au moins un domaine où la solidarité joue. Un problème ? Une question posée dans un forum et les réponses fusent. Que dire des difficultés que rencontreraient les profs devant donner cours à « l’ancienne ».

Je pourrais parler du niveau de notre enseignement, des échecs, des programmes, des instructions parfois débiles données par les inspecteurs. Cela m’entraînerait trop loin. Je ne vais pas m’imposer un trop long devoir de vacances…