DOUGLAS KENNEDY.

Duglas Kennedy

Douglas Kennedy est né à New York en 1955. Dramaturge, il a été régisseur dans des théâtres de Broadway. Il quitte l’Amérique pour Dublin en 1977. En 1991, après un long voyage en Australie, il publie en Angleterre « The Dead Heart »(Cul-de-sac) qui obtiendra un grand succès et sera porté à l’écran par Stephan Eliot.

Il écrira de nombreux romans, toujours des succès de librairie, traduits dans une quinzaine de langues. Je citerai « Les désarrois de Ned Allen » « La poursuite du bonheur » « Une relation dangereuse » « Quitter le monde » « Au pays de Dieu »

Douglas Kennedy est un grand voyageur. Il a visité plus d’une cinquantaine de pays et a été onze fois au Maroc.

Ce qui frappe le plus dans ses romans c’est le thème d’une vie qui peut basculer à tout moment. Il avoue que dans sa vie, il y a eu des moments très difficiles. Un fils autiste, début de la fin de son mariage. Si dans son œuvre, l’idée du cauchemar dans la vie quotidienne est très présente, il affirme : « Tout peut changer demain ».

MIRAGE.

« Où étais-je ? (…) J’étais dans un avion qui, durant toute la nuit avait survolé l’Atlantique. Un avion qui se dirigeait vers un recoin de l’Afrique du Nord, vers un pays dont la forme sur une mappemonde était pareille à une calotte posée sur un continent. »

Ainsi s’ouvre le livre sur un propos de Robyn. Elle n’a pas choisi ce voyage. C’est Paul, son mari, qui a voulu l’emmener à Casablanca.

Robyn, comptable est mariée à Paul depuis trois ans. Elle l’a rencontré dans sa vie professionnelle.  Paul était sous le coup d’un contrôle fiscal et Robyn lui avait été recommandé pour mettre de l’ordre dans ses finances. Paul dépensait sans compter. Il était enseignant et surtout artiste ce qui avait séduit Robyn.

Paul avait dix-huit ans de plus que Robyn ce que sa mère lui avait fait remarquer. De plus, il ressemblait à son père, un irresponsable. Robyn espérait que Paul s’assagirait d’autant plus qu’ils essayaient d’avoir un enfant.

Paul ne lui avait pas dit pourquoi il l’emmenait au Maroc. Première surprise, ils ne s’installeront pas à Casablanca mais à Essaouira, à cinq heures de bus de Casablanca.

Le drame se produira très vite. Le bureau de Robyn qui essaie de régler les affaires de Paul et la tient au courant par mail, lui envoie une note d’honoraire d’un médecin : Paul a été opéré d’une vasectomie.

Robyn est effondrée. Paul a été opéré alors qu’il vivait déjà avec elle et il ne lui avait rien dit. Elle prend ce mensonge comme une trahison, décide de le quitter, réserve sa place dans un avion pour le lendemain. Elle lui laisse un mot sur la table : « Tu as tout démoli. Je te déteste. Tu ne mérites pas de vivre. »

Elle s’en va sur la plage, ruminant son chagrin, regrettant d’avoir été assez sotte que pour le croire quand il disait vouloir un enfant d’elle. Pourquoi ce mensonge ? « Je connaissais la réponse à cette question : nous ne voyons que ce que nous voulons bien voir. »

Rentrée à l’hôtel, Ahmed la retient et lui demande d’attendre. Il lui explique que le personnel a entendu des hurlements et des coups sourds.

La chambre est un véritable chaos. Des vêtements jonchent le sol, les tiroirs de la commode ont été sortis et vidés par terre. Deux ou trois de ses carnets de croquis sont en lambeaux. Il y a du sang sur le mur. Elle trouve le mot de Paul : « Tu as raison. Je mérite la mort. »

Paul a disparu. Robyn parvient à échapper à la police qui la soupçonne d’avoir blessé son mari et part à sa recherche.

J’arrête mon récit ici car je ne peux priver le lecteur du suspense que constitue la suite du livre. Robyn ira de surprise en surprise…

Que dit Douglas Kennedy de son roman ? « L’un des thèmes de ce roman est le mirage, mais pas seulement dans le désert mais également dans la vie et notamment dans le mariage. Le personnage de Paul lui-même est un mirage qui a en partie été créé par sa femme Robyn. D’un certain côté, elle n’a pas voulu voir de nombreux aspects de la vie de Paul. »

Le roman est aussi une merveilleuse découverte du Maroc. Je reprends un extrait.

« Le souk à midi… Un labyrinthe de ruelles, certaines couvertes, d’autres pas, un dédale de cours où toutes les marchandises imaginables étaient exposées sur des étals, entassés à même le sol ou mélangées dans de minuscules échoppes. Et la densité stupéfiante de la foule. Et l’explosion tout aussi incroyable de couleurs dans ces enfilades de pyramides d’épices : marron, orange, écarlate, beige, roux, voir chartreuses, les infinies variations de turquoise et d’aigue-marine des carreaux de céramique qu’un artisan avait étalés par terre et que la cohue des passants parvenait pourtant à ne pas piétiner… »

J’ai toujours aimé les romans de Douglas Kennedy. Celui-ci ne fait pas exception. Le personnage de Robyn est un des plus beaux personnages féminins créés par l’auteur.