AKI SHIMAZAKI.

Aki Shimazaki

Aki Shimazaki est née au Japon en 1954. Elle a été enseignante dans une école maternelle et a donné des cours d’anglais. En 1981, elle a immigré au Canada où elle habite toujours. Elle a travaillé pour une société d’informatique à Vancouver tout en enseignant le japonais. Ce n’est qu’en 1995, qu’elle apprendra le français, langue qu’elle choisira pour écrire ses livres.

« Le poids des secrets » est une pentalogie dans laquelle l’auteur nous raconte l’histoire du Japon au vingtième siècle : difficultés des relations entre le Japon et la Corée, discrimination des Coréens installés au Japon, le rôle du Japon dans la seconde guerre mondiale, les bombes sur Hiroshima et Nagasaki et leurs millions de victimes, le tremblement de terre de 1923.

L’histoire est racontée par ses personnages de romans. « Tsubaki » (1999), « Hamaguri » en 2000 pour lequel elle a reçu le prix Ringuet de l’Académie, « Tsubane » « Wasurenagusa » Hotaru » et « Tsubaki ».(2009).

HOTARU.

Je ne connaissais pas l’auteur, c’est par hasard que je suis tombée sur le cinquième livre paru en 2005.

La narratrice est une étudiante universitaire, Tsubaki. Elle a dix-neuf ans et fait ses études à Tokio mais revient souvent chez ses parents qui ont recueilli sa grand-mère, âgée de quatre-vingt-quatre ans, malade depuis qu’elle a glissé sur une plaque de verglas et très affaiblie.

Tsubaki est très proche de sa grand-mère, Mariko, à qui elle confie volontiers ses secrets. Celle-ci l’écoute volontiers, s’interdit de la conseiller ou de la juger. Un jour pourtant, elle réagit très vivement lorsque sa petite fille lui parle de son professeur d’anglais dont elle est proche. Comme elle lui apprend qu’il l’a invitée à le rejoindre dans un café, elle s’écrie : « Non, non ! Il ne faut pas accepter. »

Tsubaki ne dira pas que son professeur lui a confié qu’il était très amoureux d’elle et voulait la voir seule de temps en temps. Elle ne sait pas qu’il est marié, est aussi amoureuse et prête à accepter sa proposition.

Si l’auteur commence son livre par ce récit, c’est pour établir le lien avec le secret que va lui confier sa grand-mère. Celle-ci a été séduite lorsqu’elle était jeune par un homme marié, monsieur Horibe, de qui elle a eu un enfant, Yuko, qu’il n’a jamais reconnu.

Son premier cadeau a été une luciole, « hotaru » en japonais, d’où le titre du livre.

Mariko s’est mariée, son mari a adopté l’enfant mais monsieur Horibe est constamment réapparu dans sa vie sans qu’elle trouve le courage de mettre fin à cette liaison malgré l’amour qu’elle éprouve pour son mari.

Elle n’a jamais avoué cette liaison à personne, n’a jamais dit à quel point cet amour caché avait gâché sa vie. « Il y a des choses qu’on ne peut dire aux autres ».

L’histoire pourrait apparaître banale. Le vrai sens se trouve dans la transmission du secret à sa petite-fille à qui elle veut éviter que son histoire malheureuse ne se reproduise.

L’auteur insiste aussi sur le pouvoir qu’ont certains hommes, dont ils profitent pour abuser de la naïveté de jeunes filles. Ils bouleverseront leur vie sans aucun scrupule, pour satisfaire leurs besoins sexuels.

Monieur Horibe s’occupera de son fils, sans jamais dire qu’il est son vrai père, uniquement pour rendre sa maîtresse dépendante de son pouvoir.

Une histoire banale, disais-je, mais qui ne l’est plus dans ce contexte d’abus de pouvoir, de mensonges, de pressions exercées pour que sa maïtresse se taise, soit rongée par un sentiment de culpabilité.

L’auteur revient aussi sur l’horreur de la bombe de Nagasaki et sur le « gyokusaï », avaler du cyanure de potassium avant d’être capturé par les Américains pour mourir dignement.

Le livre est facile à lire, agréable, poétique, imprégné de la culture japonaise que nous connaissons mal.