FITNA.

Fitna (désaccord) est un film de quinze minutes, réalisé par le député néerlandais d’extrême droite, Geert Wilders. Il est diffusé sur le web, depuis le 29 mars 2008. Sa projection ayant été interdite sur les chaînes de télévision néerlandaise, le site de Geert Wilders ayant été fermé par son fournisseur d’accès, c’est le site britannique LiveLeak qui l’a hébergé. Il a été repris par Dailymotion et You Tube.

Le film est construit d’images d’archives, que nous avons parfois vues à la télévision, notamment les attentats du 11 septembre, de Madrid, les caricatures danoises de Mahomet, d’autres attentats meurtriers. Les séquences alternent avec des sourates du Coran. La seconde partie du film montre l’influence que pourrait avoir l’Islam au Pays-Bas.

Je dois avouer que ce condensé d’images provoque un véritable choc. J’ai éprouvé beaucoup de difficultés à regarder la vidéo jusqu’au bout. La musique La mort d’Ase (mort de la mère du héros) extraite de la suite n° 1 de Peer Gynt, d’Edward Grieg, est poignante.

Geert Wilders est bien connu pour ses prises de position contre le Coran, qu’il voudrait faire interdire parce qu’il le considère comme un livre fasciste. Ses propos outranciers lui ont valu une « fatwa » d’Al-Quaïda, en 2004. Depuis lors, il vit reclus, protégé par des gardes du corps, changeant d’adresse toutes les nuits.

Avant même qu’il ne soit diffusé, le film avait suscité une très forte colère au point que les autorités néerlandaises avaient déjà pris des mesures pour évacuer les consulats et les ambassades. Pourtant, selon une étude du quotidien De Volkskrant 73 % de Hollandais sont favorables à sa diffusion, au nom de la liberté d’expression. Kurt Westergaard, le caricaturiste danois, qui avait représenté Mahomet, avec un turban en forme de bombe, soutient Geert Wilders. Au Danemark, nous critiquons tout : la Reine, les politiques, la religion, déclare-t-il.

Le film, qui secoue la Hollande survient au moment où plusieurs débats agitent le pays : port du foulard islamique dans la police, autorisation du « birkini » (maillot de bain islamique) etc. Le royaume est manifestement pris dans un double conflit entre la liberté de religion et liberté d’expression, intégration et tolérance, explique Sabien Cassou, correspondante de Libération.

Que dire ? On ne peut approuver l’intolérance, la provocation mais ne doit-on pas cependant aussi se dire que les discours de haine des islamistes, leur volonté affirmée d’islamiser l’Europe, les menaces d’attentats, de représailles ne sont guère propres à susciter la tolérance ?

On nous répète qu’il ne faut pas faire d’amalgames, que les islamistes sont une poignée, que l’Islam n’est pas ce qu’ils en font. Soit. Mais, la réponse à une juste colère, par des manifestations violentes, jamais condamnées, les drapeaux brûlés, les occidentaux, résidant dans les pays musulmans, priés de rester chez eux, est-ce acceptable ?

Chez nous, quand nous croisons le regard triste des musulmanes voilées, quand nous entendons parler de crimes d’honneur, de mariages forcés, quand nous apprenons les revendications des musulmans dans les écoles, les hôpitaux, les dénonciations faites par Ni putes, ni soumises ne sommes-nous pas ébranlés ?

S’il ne faut pas confondre Islam et terrorisme, ne pourrions-nous pas souhaiter de la part des musulmans modérés, intellectuels ou autres, autre chose qu’un silence assourdissant ?